J’ai parcouru le monde, sans trêve ni répit, sac en bandoulière, et le soleil dedans.

Je croyais que Dieu gardait secret une autre monde où les gens regardent toujours vers le ciel et sourient sous les pluies. J’avais aussi des coquelicots dans mon sac, mais le douanier m’a défendu le passage avec ils. Personne ne croyait que les coquelicots étaient mes enfants. Heureusement, mon pot où le soleil roupillait fut pris pur de la compote de lucioles.

J’ai parcouru le monde, sans trêve ni répit, sac en bandoulière, et le soleil dedans. Les gens n’ont pas remarqué le ciel dépourvu de sa splendeur. Seulement un raisin sanglotait sous un auvent en octant car ses grains devenaient au fur et à mesure secs : « Je veux un peu de soleil, un tout petit peu ». A cause de mes remords, j’ai perdu un des mes doigts… comme un cheveu. Les pieds  se sont arrêtés devant L’Entrée des Abricotiers Glacés. Une coccinelle faisait de la luge. Elle ne pouvait plus pleurer parce que ses larmes étaient glacés. « Est-ce que tu sens le froid ? », elle m’a demandé. Puis j’ai perdu un deuxième doigt.

J’ai parcouru le monde, sans trêve ni répit, sac en bandoulière, et le soleil dedans. Un seul doigt m’était resté, mais je voulais encore trouver mon monde. Les coquelicots, le raisin pleurnicheur, la coccinelle avec sa luge, la respiration sourde des flots, le bronze des blés, mes autres neuf doigts… Tout me manquait.

J’ai parcouru le monde, sans trêve ni répit, sac en bandoulière, et le soleil dedans jusqu’à ce qu’on me permette d’approcher Dieu. Mon soleil se débattait dans son pot et hurlait des échos sauvages. Il  voulait s’avouer. Je lui ai dit que c’est trop tard.

Nous étions déjà en feu.